Les états génaraux des RIP France à Très Haut Débit - L'avenir en chantier(s)

9 avril 2015 - Villa le Cercle - Deauville

Un colosse aux pieds d’argile

21 novembre 2024

La formidable réussite du déploiement en un temps record de nouveaux réseaux de communications capillaires en fibre optique, nous offre des opportunités inédites de s’appuyer sur de nouveaux outils et services numériques qui peuvent nous permettre de mieux vivre, de mieux produire, de mieux vieillir, de mieux dynamiser nos territoires. 

Mais paradoxalement plus le numérique s’infiltre dans tous les pans de nos vies et de notre société, plus nous devenons collectivement dangereusement dépendants de ces réseaux. Tels des fils d’Ariane, ces fragiles liens deviennent littéralement vitaux et s’ils se rompent ou s’ils sont corrompus, alors nous risquons de nous retrouver totalement paralysés et démunis.  

Ces risques ne sont nullement une fatalité et les remèdes existent pour mieux les appréhender et les gérer. Il serait irresponsable de pas adresser rapidement ces enjeux de résilience et de sécurité, car les menaces s’accumulent à l’horizon et la mise en œuvre des solutions peuvent nécessiter du temps. 

Tout d’abord la multiplication annoncée des événements climatiques majeurs est un enjeu critique pour des réseaux de fibre optique majoritairement déployés en aérien (sur des poteaux) dans les zones rurales. Sans un effort rapide d’enfouissement progressif et priorisé de nos réseaux de fibre, nous devrons subir dans les prochaines années des blackouts numériques critiques aux conséquences particulièrement lourdes.

Par ailleurs, la dissociation entre la propriété des réseaux de fibre et celle des infrastructures d’accueil (poteaux, fourreaux) fait émerger un défi sensible alors que le niveau de résilience des premiers dépend très largement des qualités des secondes.  En l’absence d’obligation ou d’incitation pesant sur le propriétaire des infrastructures d’accueil d’assurer les investissements importants nécessaires à la sécurisation et à la résilience, le responsable du réseau de fibre optique se trouve fort démuni pour gérer sa propre qualité de service, pourtant cruciale s’agissant d’un réseau ayant vocation à supporter de services critiques.

Ensuite, les coûts de la sécurisation/résilience, et singulièrement de l’enfouissement des réseaux, sont très différents d’un territoire à l’autre. Si l’effort est supporté collectivement, au terme d’une péréquation républicaine nationale, alors il est pleinement à notre portée. Si en revanche, les territoires les plus ruraux et les plus exposés doivent payer seuls pour la résilience de leurs infrastructures d’accueil des réseaux, alors nous sommes face à la menace d’une profonde fracture numérique géographique sur la qualité de service.

Le Service universel a pu être hier l’outil puissant pour financer des investissements massifs pour garantir la qualité du réseau téléphonique, y compris dans les zones les plus rurales. Rappelons ainsi qu’il y a 25 ans, la France consacrait 6 milliards de francs par an pour le service universel des télécommunications (soit 1,4Mds d’euros actualisés), dont près de la moitié pour la seule péréquation géographique. 

Dans sa version moderne, le Service universel est davantage conçu comme un filet de sécurité permettant de répondre ponctuellement et marginalement aux défaillances du marché mais pas comme un remède à des problèmes structurels. Ainsi, si le Service universel est sans doute l’antidote républicain indispensable pour garantir l’effectivité de l’accès au très haut débit pour tous, seul un nouveau plan national pluriannuel coordonné permettrait de répondre sérieusement aux défis liés à la résilience et la sécurité de nos réseaux

Antoine DARODES, directeur du département en charge de la transition numérique des territoires au sein de la direction de l’investissement de la Banque des Territoires


Où et quand ?

Jeudi 28 mars 2024, Les Franciscaines, 145 B Avenue de la République, 14800 Deauville

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