À l’heure où se finalise l’organisation de cette nouvelle édition des États généraux des RIP, le Gouvernement a annoncé les détails de son plan d’économie pour 2024 qui ampute le budget du Plan France THD d’environ 150 M€.
Malgré le discours rassurant du Gouvernement, qualifiant cette modification de technique, cette annonce doit nous alerter : d’une part, cette décision est inédite et semble indiquer que le Gouvernement considère qu’il est possible de faire des économies sur l’aménagement numérique du territoire ; d’autre part, l’absence d’avancées sur les chantiers de demain pour « enraciner le plan » doit nous inquiéter. InfraNum a immédiatement et vivement réagi à cette annonce, mais ne portons-nous pas collectivement une part de responsabilité dans l’impasse dans laquelle nous nous trouvons ?
Où en sommes-nous sur la création de la structure de portage du génie civil pour résoudre, sans mobiliser d’argent public, plus de 500 000 raccordements complexes ? L’alerte des RIP quant au besoin de péréquation a-t-elle été entendue ? Nous avions formulé il y a deux ans un « appel de Deauville » pour mettre la lumière sur les défis qu’il nous faut relever pour assurer la résilience de nos réseaux, qu’en-est-il aujourd’hui ?
Les défis sont certes complexes, techniques, parfois même austères. Mais, avec quelques pas de recul, il est avant tout question d’équité territoriale, de réseaux essentiels à la vie de la Nation, du droit de chacun d’accéder au très haut débit, de la préservation d’une filière industrielle représentant des dizaines de milliers d’emplois. Notre voix porte-t-elle suffisamment jusqu’à Bercy, Matignon ou l’Élysée ? Les élus locaux le savent mieux que quiconque, nos réseaux permettent de retisser du lien, de redynamiser certains territoires. Mais, à part quelques visionnaires, qui pour porter nos combats au Palais Bourbon ou au Palais du Luxembourg ?
Le plan France THD, qui peut se targuer d’être une réussite inédite tant d’un point de vue industriel qu’en matière d’aménagement du territoire, aura fêté très discrètement ses 10 ans l’année dernière. Mais les bougies sont désormais soufflées, et la fête est finie. Saurons-nous à nouveau faire preuve d’audace ?
Philippe LE GRAND, Président d’Infranum